Vis ma vie d’enseignant contractuel

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Dans cet article, je vais vous décrire ma courte expérience en tant que professeur contractuel. Ceci n’est qu’un témoignage parmi tant d’autres et ne fait pas figure de vérité générale.

Mes motivations à devenir enseignant contractuel

À cette époque de ma vie, j’étais encore en thèse de chimie. Cependant, la période de financement de ma thèse arrivant à sa fin, je devais chercher un emploi me permettant de tenir jusqu’à ma soutenance de thèse. Je voulais un boulot pas trop prenant pour pouvoir consacrer suffisamment de temps à la rédaction de ma thèse.

J’ai déjà été moniteur à la fac (j’enseignais quelques séances de travaux pratiques). Ce poste m’avait plu. Je m’étais alors dit : « Pourquoi ne pas réitérer l’expérience dans le secondaire ? D’une part, cela m’apporterait de l’expérience professionnelle supplémentaire, d’autre part cela me ferait gagner de l’argent ». Autant concilier l’utile à l’agréable. Par ailleurs, je voulais connaitre le quotidien d’un enseignant du secondaire. J’ai de mauvais souvenirs de pratiquement tous mes profs du collège et du lycée. Se mettre dans leur peau pourrait peut-être me faire comprendre leur aigreur et leur attitude blasée. C’est ce que j’ai pensé. Et c’est comme ça que j’ai sauté le pas.

Mes entretiens d’embauche

Je me suis inscrit sur le site ACLOE en juillet aux académies de Créteil et de Paris pour devenir enseignant contractuel en physique-chimie. J’ai eu un entretien au rectorat de Créteil en juillet, et un autre entretien au rectorat de Paris en septembre. Les deux entretiens se sont déroulés de la même manière. À chaque fois, j’ai été reçu par un inspecteur. Au début, je pensais que c’était un entretien traditionnel. J’avais donc préparé à l’avance un discours pour me présenter et pour expliquer mes motivations. Finalement, cela n’a servi à rien car ils s’en fichaient carrément des raisons de ma candidature.

Au début de l’entretien, ils m’ont juste demandé mon nom et mon prénom pour pouvoir accéder à mon dossier sur ACLOE. Après, ils m’ont tout de suite demandé mes expériences professionnelles dans le milieu de l’enseignement. À ce moment-là, j’étais encore en thèse. J’avais fait du monitorat pendant trois ans. J’ai donc déjà été professeur, sauf que c’était dans l’enseignement supérieur. Mais ça reste un avantage car je n’étais pas vierge de toute expérience dans le domaine. Cette première étape a duré environ cinq minutes.

Ensuite, ils ont testé mes connaissances en physique et en chimie. Cette partie a été la plus longue. Elle a duré au moins 15 minutes. Honnêtement, je suis venu les mains dans les poches, sans avoir révisé le programme des différentes classes et des différentes spécialités. L’inspecteur de Paris ne m’a posé que des questions sur la physique alors que l’inspecteur de l’académie de Créteil m’a posé à la fois des questions relatives à la chimie et à la physique. Étant chimiste, je n’ai eu aucun mal à répondre aux questions sur la chimie. Par contre, répondre aux questions portant sur le programme de physique a été très casse-gueule. Pour tout vous dire, en physique, aucune de mes réponses n’étaient correctes ! Je ne savais plus représenter des forces, je ne connaissais plus les lois de Newton. C’était une catastrophe. L’inspecteur de Créteil était sympathique. Il m’a réexpliqué certaines notions que j’avais oubliées. J’avais l’impression d’être retourné en arrière, d’être un élève qui écoute un prof. Quant à l’inspecteur de Paris, il était plus froid et plus cassant. Il reprenait toujours ce que je disais pour mon bien. Il me posait également des questions sur la pédagogie et la gestion de classe. Aucune de mes réponses ne le satisfaisaient.

Quand les tests de connaissance se sont terminés, ils ont conclu l’entretien en cinq minutes. En toute franchise, au vu de mon plantage en physique, je pensais ne pas être pris. Pourtant, ils ont décidé de me prendre !!! C’est à n’y rien comprendre ! En fait, ils sont en telle pénurie de profs de physique-chimie qu’ils ne pouvaient pas faire autrement que d’accepter ma candidature. Si on devait revenir 20 ans en arrière, à une époque où il ne manquait pas de profs, ma candidature aurait été sans doute rejetée. Ça fait très mal d’entendre cela !

Dans tous les cas, les deux inspecteurs m’ont encouragé à passer le CAPES et l’agrégation (concours permettant de devenir enseignant fonctionnaire). L’inspecteur de Créteil voulait que j’enseigne au lycée, au vu de mes diplômes. Il était d’ailleurs très paternel à mon égard, en me disant que j’avais l’âge de son fils. L’inspecteur de Paris voulait que je fasse mes preuves en faisant un petit remplacement de deux semaines.

Mon affectation à l’académie de Créteil

J’ai fait mon premier remplacement dans l’académie de Créteil et dans un établissement REP (réseau d’éducation prioritaire). C’était à mi-temps. Au préalable, j’ai rencontré le proviseur de l’établissement qui était très sceptique concernant ma candidature et ma motivation. Il a tiqué quand je lui ai dit que j’étais en thèse et que j’avais également postulé à l’académie de Paris. Avec une pointe de mépris, il m’a dit qu’il fallait savoir ce que je voulais dans la vie, et ce, dès les premières minutes de l’entrevue. On n’était qu’au début d’un entretien qui s’annonçait très prometteur… À la fin, il m’a clairement dit qu’il ne me faisait pas confiance et qu’il souhaitait prendre quelqu’un d’autre. Cela avait le mérite d’être clair… Pourtant, cela ne m’a pas empêché de signer mon premier contrat dans l’établissement. Toutefois, le proviseur m’a bien fait comprendre qu’il me virerait quand il aurait trouvé un autre enseignant. Sympa…

Concernant les collègues, j’ai été très bien accueilli par l’équipe de cet établissement. Ils étaient chouettes contrairement aux élèves qui étaient chahuteurs et infernaux sans être méchants. Dans la plupart des établissements REP, il faut faire attention aux comportements des élèves. J’ai été surpris par le nombre d’exclusion de cours, de retenues… Certains étaient même virés temporairement de l’établissement. Il ne faut rien laisser passer au niveau de la discipline. Sinon, les élèves vous bouffent.

Je ne suis resté qu’une semaine dans cet établissement car j’ai été contacté par l’académie de Paris qui me proposait un poste à temps complet près de chez moi. J’ai donc démissionné de ce poste, surtout à cause du manque de confiance du proviseur à mon égard. Il sous-entendait constamment dans ses propos que je n’allais pas tenir dans un établissement aussi difficile que le sien. J’en avais assez de ses remarques, je suis donc bien allé voir ailleurs. Le pire étant qu’au moment de lui remettre ma lettre de démission, il m’a fait la morale. Je n’ai rien dit pour ne pas envenimer les choses. J’étais quand même soulagé de quitter un environnement aussi délétère.

Petit conseil pour les futurs enseignants contractuels. À l’heure actuelle, si la matière que vous enseignez présente une forte pénurie de profs, vous avez les pleins pouvoirs. Si vous ne vous plaisez pas dans l’établissement où vous êtes (à cause de vos collègues, de vos supérieurs et des élèves), vous êtes libres de partir et de demander une autre affectation tant que vous n’avez pas signer le contrat de travail. Il faut préserver votre santé mentale et physique. C’est important.

Toutefois, n’abusez pas quand même car vous pouvez récolter des mauvais points auprès du rectorat qui pourrait vous asticoter pour un rien.

Mes affectations à l’académie de Paris

J’ai fait deux remplacements à Paris. Ce n’était que des temps pleins avec des heures supplémentaires. Ça s’est très bien passé dans le premier établissement. Que ce soit chez les élèves, chez les collègues et les supérieurs. J’avais signé le contrat de travail durant ma première semaine.

Concernant le second remplacement, j’ai eu de nombreux problèmes avec les élèves et la discipline (j’explique cela plus bas) qui se sont arrangés avec le temps. Je m’entendais bien avec les collègues. Par contre, concernant les papiers administratifs, ce n’était pas ça. J’ai signé le contrat de travail et ses avenants un mois après mon embauche. J’ai eu peur que l’on m’arnaque… Concernant le salaire, je ne le recevais pas tous les mois. Il y avait des acomptes d’acompte. Oui, j’ai eu deux acomptes pour un mois donné. Rien n’était régulier. Heureusement que j’avais de l’argent de côté. Sinon, cela aurait pu faire très mal.

Dans tous les cas, dans les deux établissements que j’ai fréquentés, mon contrat comprenait les vacances scolaires. Les directeurs étaient donc réglos avec moi. De même, mes collègues étaient très sympathiques avec moi en m’offrant leur aide. J’ai eu beaucoup de chance sur ces deux points.

Concernant le salaire, pour environ 20h de cours par semaine, je percevais grosso-modo un salaire de 2300€ brut. C’était pas mal pour ma situation de l’époque.

Mon quotidien en tant que professeur contractuel

J’ai eu de la chance d‘avoir déjà enseigné dans le supérieur. Cela m’a beaucoup aidé pour tenir mes classes. Certes, les difficultés ne sont pas pareilles. À l’université, les étudiants sont moins impertinents et moins chahuteurs. Seuls les étudiants qui voulaient venir en cours se trouvaient devant moi. Ce qui n’est pas le cas dans le secondaire où la majorité des élèves sont présents pour ne pas avoir d’absence dans leur bulletin scolaire ! Dans tous les cas, l’enseignement dans le supérieur m’a permis de parler aisément devant un public et de savoir construire un cours. Honnêtement, si vous avez du mal à parler en public, vos débuts seront très difficiles. Mais cela s’apprend avec le temps. Alors patience !

J’ai fait des remplacements en cours d’année scolaire. Dans certains établissements, certains élèves n’avaient pas cours de physique-chimie pendant 3-4 mois. J’étais leur premier prof de cette matière de l’année. J’ai donc eu la chance de ne pas reprendre le cours de quelqu’un d’autre. J’ai pu enseigner à ma façon car ils ne pouvaient pas comparer mes méthodes de travail avec leur vrai prof titulaire. Toutefois, j’ai eu des difficultés à maintenir le calme durant les premières semaines. Pour une raison évidente : avant ma venue, comme ils n’avaient pas cours, ils en profitaient pour faire la grasse matinée ou pour rentrer chez eux. Donc, au début, ils croyaient que mes cours, c’était un peu la récréation. Mais petit à petit, j’ai pu gagner leur confiance. Ils m’ont ensuite respecté, et ce, malgré mon jeune âge.

En France, la moyenne d’âge des enseignants est de 43 ans (selon les statistiques de 2017). Ainsi, ayant moins de trente ans à ce moment-là, je faisais partie des plus jeunes, si ce n’était le plus jeune de l’équipe. À Paris, j’étais dans des établissements avec de très bons résultats scolaires et des professeurs aguerris. La moyenne d’âge avoisinait alors plutôt 50 ans (selon les estimations de mes collègues). Donc, il y avait un décalage physique très visible entre eux et moi. Un décalage physique perceptible par les élèves qui m’ont tout de suite catalogué de « jeune ».

Pour me distinguer d’eux physiquement, je devais faire un effort vestimentaire par rapport à mes collègues. Contrairement à eux, je ne pouvais pas me contenter de porter un polo ou un pull. Je devais m’habiller d’une chemise. Pour le bas, je me contentais de jeans ou d’un pantalon à pince. De cette manière, je ressortais du lot.

Pour noter les élèves, je faisais plusieurs types d’évaluation. Le coefficient changeait en fonction de la difficulté. Je faisais de petits tests simples de définitions (même au lycée) de 10 minutes afin de m’assurer qu’ils apprennent régulièrement le cours. Mes Tps étaient notés. Ils devaient me rendre leurs comptes-rendus une semaine plus tard. De ce fait, j’étais intransigeant sur la propreté et sur la rédaction. Quand je terminais un chapitre, il m’arrivait de faire une interrogation de 20-30 minutes. Ces interrogations mêlaient des questions de cours et des exercices. Quand je terminais plusieurs chapitres, je faisais un grand contrôle avec un coefficient élevé. Cela durait une heure (voire plus). Les exercices de l’énoncé mélangeaient plusieurs chapitres. Cela les perturbait.

Mes relations avec mes collègues étaient très cordiales ou très amicales. Ils ne m’ont jamais dénigré malgré mon statut de contractuel. Je pouvais discuter avec eux quand je rencontrais un problème de gestion de classe. Certains me donnaient leurs sujets de TP pour m’aider à mieux organiser. Ils étaient vraiment chouettes !

Les élèves avaient une attitude très décontractée avec moi (parler sans lever la main, me poser des questions sur ma vie personnelle). C’était de ma faute car je ne sévissais pas assez. De plus, quand je savais que leur prof titulaire allait revenir, j’étais très permissif car c’est usant de faire la police. Je les prévenais quand je devais partir définitivement de l’établissement. Certains étaient tristes d’autres s’en foutaient royalement (enfin, c’est ce qu’ils laissaient paraitre).

Mes conseils

Il existe pléthore de conseils dans les livres et les sites internet. Je vous écris seulement les conseils que j’ai suivis et appliqués.

Les livres pédagogiques :

Avant de prendre vos classes, lire un manuel sur la pédagogie est un plus. Mais n’oubliez pas que vous n’aurez que des connaissances théoriques. La pratique de ces théories en classe est moins évidente car les élèves les plus difficiles ont la fâcheuse tendance à être récalcitrants. Pour améliorer votre pratique, vous pouvez assister aux cours de vos collègues en notant tout ce qu’ils font. Si vous vous en sentez capables, vous pouvez également demander à vos collègues d’assister à vos cours et de critiquer la forme et le fond. C’est très formateur ! Mais n’oubliez pas une chose, vous ne pouvez pas changer votre nature. Adaptez les conseils en fonction de votre personnalité car ce qui marche pour certains ne marche pas pour d’autres.

La gestion de la discipline en classe :

Comme vous arrivez en cours d’année, il existe deux cas de figure :
— soit vous êtes leur premier prof de l’année dans la matière que vous enseignez ;
— soit vous reprenez les classes d’un(e) collègue qui vient tout juste de partir.

Dans les deux cas, il faudra asseoir votre autorité dès le départ car les élèves peuvent ne pas apprécier votre présence. Des classes peuvent même vous faire payer d’avoir pris le poste de leur prof adoré. Pour éviter cela, mettez les choses au clair dès le départ. Il faut être honnête avec eux et montrer (explicitement ou implicitement) que vous ne serez pas comme leur ancien prof. Si votre remplacement n’est que ponctuel, leur prof devrait vous indiquer les chapitres que vous devez traiter (voire les exercices et les contrôles que vous devez corriger et donner).

Hormis durant les évaluations, il est difficile d’avoir le silence complet pendant une heure. Les classes sont surchargées. Toutes les classes de collège et de lycée que j’avais à ma charge étaient constituées de 36 élèves. Ça fait beaucoup ! Donc, ne vous focalisez pas sur le silence. S’il y a du bruit mais que tout le monde se met au travail, c’est que c’est positif.

S’il y a des débordements, vous pouvez sanctionner les élèves par gradation. Au début, vous pouvez vous entretenir avec les élèves difficiles. Si cela ne marche pas, vous pouvez écrire un mot sur leur carnet, en parler avec leur prof principal, enlever des points, les coller, convoquer les parents, les virer de votre cours… À vous d’imaginer d’autres solutions. Il ne faut pas avoir peur d’être méchant avec eux. Pour tout vous dire, les gamins oublient vite. Certains peuvent vous apprécier même si vous les punissez justement.

En discutant avec des collègues qui ont dans la bouteille, apparemment, les élèves sont de plus en plus turbulents avec les années (pour ne pas dire impertinents). Donc, ne soyez pas surpris par leurs comportements qui peuvent être très surprenants.

L’optimisation du temps :

Quand on débute, il est normal d’avoir des difficultés. Il est aussi normal que vos cours ne soient pas parfaits. J’insiste bien là-dessus. Ne vous en voulez pas si vous avez dit une bêtise ou commis une erreur. Par contre, si c’est important pour la suite du cours, il faudra leur dire que vous vous êtes trompés la dernière fois. Sur ce point, les adolescents sont compréhensifs sauf si cela devient trop récurrent. Ne vous inquiétez pas non plus si vous craquez à un moment donné. C’est humain. Parlez avec vos collègues pour qu’ils puissent vous conseiller.

Concernant les contrôles, leur correction requiert du temps (je mettais au moins 4h pour corriger 36 copies d’élèves de lycée). Il se peut que vous ne fassiez pas énormément de contrôles. Ce n’est pas grave. Prévoyez au minimum trois évaluations par classe.

Lors du retour de leur prof titulaire, il est plus professionnel de boucler totalement un chapitre. C’est plus simple pour la personne qui passera après vous. Elle vous remerciera d’ailleurs pour ce geste.

Ainsi, gérez bien votre temps. N’oubliez pas que vous avez seulement 24h par jour. Ce n’est pas grave si vous ne corrigez pas rapidement les copies. Ce n’est pas grave non plus si vous n’avez pas fini de préparer parfaitement vos cours. Il vaut mieux bien dormir et être en forme devant les élèves.

Il existe d’autres conseils (être empathique, gérer ses émotions…) mais si vous appliquez déjà ceux-là, vous pouvez vous en sortir honorablement.

Mon avis sur le statut d’enseignant contractuel

J’ai vraiment apprécié d’être professeur contractuel. Je ne regrette pas du tout cette expérience professionnelle. Ce statut peut être un avantage pour les gens qui ne savent pas s’ils sont destinés à l’enseignement pour un temps donné ou toute une vie. Passer le concours en même temps que l’enseignement est ardu. Certains y arrivent. Mais il faut bien gérer son temps de révision et son temps de préparation de cours. Donc ne vous découragez pas !

Psychologiquement, le métier d’enseignant est difficile. Les élèves sont très souvent excédants mais aussi attach(i)ants. En testant ce métier, j’ai su que l’enseignement dans le secondaire sur le long terme n’était pas fait pour moi. Une année dans le secondaire a été amplement suffisante. Maintenant, je préfère exercer un autre métier…

3 commentaires

  1. Bonjour,
    C’est un article très intéressant, qui reflète assez bien la situation de contractuel. Je vous remercie d’en parler, parce que c’est une situation effectivement incroyable.
    J’ai toutefois quelques remarques, car mon expérience est un peu différente. De mon côté, je peux préciser que mon salaire le plus élevé depuis 5 ans que je suis contractuelle a été de 1550 euros net avec 2,5 heures supplémentaires et en étant prof principal ; je précise que je n’ai pas de doctorat, et que j’enseigne dans le privé (sous contrat bien sûr). Or, le salaire dépend du niveau d’études et du lieu où l’on enseigne. Il me semble qu’il serait intéressant de fournir une fourchette de salaire, pour que vos lecteurs ne pensent pas que nous gagnons tous 2300 euros brut, car ce n’est malheureusement pas le cas. En réalité, dans mon établissement, aucun de la vingtaine de contractuels ne gagne autant.
    De plus, s’agissant de la correction de copies, j’enseigne l’anglais au lycée, et lorsqu’il s’agit de corriger des écrits longs, il faut compter environ 40 minutes par copie (entre 30 et 50 minutes), ce qui fait 24h de correction pour une classe de 36 élèves. Sachant que j’ai 6 classes, cela fait des centaines d’heures de corrections, en plus des préparations et des heures de présence. S’agissant de la préparation, vous avez aussi été chanceux, car mes nouveaux collègues ne m’ont jamais donné de cours lors de mon arrivée : j’ai dû tout créer moi-même, et j’y ai passé mes nuits, mes week-ends et mes vacances. Sachant que la réforme du lycée arrivait, il n’y avait plus de livre d’anglais (ils avaient près de 35 ans, on ne pouvait plus s’en servir, trop d’anachronismes culturels, rien sur les réseaux sociaux par exemple), et après la réforme, les manuels n’étaient pas encore prêts. Nous n’avons toujours pas de manuels au lycée. J’ai donc créé entièrement tous mes cours (leçons, exercices, évaluations….), et passé un temps fou à faire des recherches sur internet, décrypter le Bulletin Officiel pour maîtriser le programme et les attentes.
    Par ailleurs, dans mon établissement, les réunions parents-professeurs ne sont pas optionnelles, en réalité, nous devons assister à toutes les réunions et à tous les conseils de classe ; avec les spécialités, il arrive d’avoir des groupes avec des élèves de 5 classes différentes : il faut assister à ces 5 conseils de classe, ainsi qu’aux conseils des autres classes que nous avons (pour moi, 5 autres) ; certains de mes collègues de langue ont des groupes mélangeant LVA, LVB et LVC, ce qui veut également dire des élèves de plusieurs classes différentes, et des conseils auxquels il faut assister. Une professeur d’allemand me disait qu’elle devrait assister à 20 conseils de classe, et qu’elle a demandé des dispenses.
    Voilà, je ne sais pas ce que vous ferez de cela, probablement rien, mais au moins, je vous ai exposé ma vision du métier, qui peut être moins bien payé et bien plus chronophage que ce que vous avez vécu, selon les niveaux, les classes et les matières que l’on enseigne.

    Avec mes remerciements,
    Meilleures salutations.

    1. Merci de votre témoignage. Il sera précieux pour les quelques lecteurs et lectrices égaré(e)s sur ce blog.

  2. Je rencontre le proviseur adjoint demain matin pour démarrer en tant que contractuel en Physique Chimie en lycée. Un très grand merci pour ce partage clair et transparent.
    Passionné par la PC depuis le collège et en transition professionnelle l’idée m’est venue il y a tout juste 2 mois.
    Je dois reconnaître que j’appréhende un peu. Pas pour l’oral ou la discipline (encore que ..), plus pour le contenu et la structuration des cours. Je mesure l’enjeu, et davantage pour ceux qui passeront le bac .. J’espère que mon remplacé sera organisé. J’imagine que oui ..
    Votre récit m’a donné quelques idées 😉👍🏻
    Encore merci
    Benjamin

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