Titre original : The Limits to Growth, the 30-Year Update
Auteurs : MEADOWS Dennis, MEADOWS Donella & RANDERS Jorgen
Genre : Rapport scientifique
Pays : États-Unis
Année de publication : 2004
Collapsologie, effondrement, crise écologique… Ces mots sont très à la mode ces derniers temps mais restent toutefois mal définis par les médias, et mal compris par la population. Pourtant, selon moi, la question climatique et environnementale est à traiter de toute urgence, car je pars du principe que les ressources ne sont pas inépuisables et qu’un jour, il faudra faire face à une pénurie énergétique. M’informant sur de nombreux sujets dans ce domaine, mon beau-frère en a profité pour m’acheter à Noël le livre Les limites à la croissance (dans un monde fini).
J’ai trouvé ce bouquin très intéressant car il nous montre les causes d’une pénurie à venir. Les auteurs sont des scientifiques qui ont été parmi les premiers à traiter scientifiquement les problèmes écologiques à venir. Je vais vous faire un bref résumé de chaque chapitre afin que vous ayez un aperçu du contenu. Je trouve que faire cela est d’utilité publique.
Contenu de Les limites à la croissance (dans un monde fini)
Préface :
Le début du rapport fait un bref récapitulatif du rapport Meadows de 1972 en comparant les prévisions annoncées 30 ans plus tôt avec la tendance actuelle. Les auteurs n’oublient pas de définir les termes complexes et centraux de leur œuvre comme : la croissance et l’empreinte écologique (pression exercée par les êtres humains sur les ressources naturelles). Les auteurs exposent à la fois la problématique du livre (à savoir l’urgence climatique) et ses objectifs qui sont d’expliquer les raisons et les causes de la situation écologique actuelle. Pour ce faire, ils utilisent World3, un programme de simulation informatique afin d’établir différents scénarios plausibles. Les auteurs précisent bien que ces projections ne sont et ne restent que des éventualités.
Chapitre 1 : le dépassement
Le chapitre 1 explique le pourquoi de cette étude. On y aborde la notion de dépassement, un terme signifiant qu’on est allés au-delà de certaines limites (trou dans la couche d’ozone, surconsommation…).
Le dépassement est composé de 3 phases :
- 1ère phase : croissance, accélération et changement rapide d’un système.
- 2ème phase : limite ou barrière que le système ne peut franchir sans risque.
- 3ème phase : erreur ou retard dans les mesures destinées à maintenir le système en deçà des limites.
Ici, le dépassement est traité selon une approche systémique, c’est-à-dire que la situation écologique actuelle dépend de nombreux facteurs tous interconnectés (démographie, stocks des ressources…).
Chapitre 2 : le moteur : la croissance exponentielle
Le dépassement peut s’expliquer par la croissance exponentielle de la population humaine. En effet, étant maintenant plus nombreux, nous devons produire davantage. Pour que tout soit plus explicite, le chapitre rappelle la notion :
- d’accroissement naturel : nombre de naissances moins le nombre de décès
- de transition démographique: diminution du nombre de décès et de naissances. Les pays industrialisés ont déjà achevé la transition démographique, ce qui n’est pas le cas des pays en développement qui voient donc leur population augmenter en flèche.
- de croissance industrielle: le capital industriel est composé de capital générateur de ressources (charbon, pétrole…), de capital agricole (tracteur, irrigation…), de capital immatériel (école, hôpital, services…), et d’investissement industriel.
- de pauvreté: l’écart économique se creuse de plus en plus entre les riches et les pauvres. Ceci pourrait s’expliquer par un champ d’action (santé, étude, épargne, emprunt…) plus large chez les personnes riches. Dans les pays en développement, la pauvreté et l’augmentation de la population sont liées car la richesse n’est pas liée à l’investissement mais à la consommation. Dans ces pays, les enfants ont peu accès à des services standardisés dans les pays développés (l’éducation, la santé…). De ce fait, les enfants servent surtout à apporter un revenu supplémentaire.
Il y a de nombreux schémas de boucles de rétroactions qui indiquent les facteurs positifs et négatifs influençant un système. C’est très visuel.
Le chapitre se conclut sur l’insoutenabilité d’une telle croissance exponentielle, qu’elle soit humaine ou industrielle. Avec une telle croissance, l’empreinte écologique ne fait qu’augmenter. Cette empreinte a déjà dépassé le niveau soutenable. De ce fait, elle doit à terme diminuer soit par un processus délibéré (consensus mondial sur des prises d’action) soit par l’action de la nature (moins de forêt donc moins de bois…).
Si on continue comme on le fait actuellement, l’accroissement va cesser. Il y aura probablement moins de naissances, plus de décès, et une croissance industrielle arrêtée.
Chapitre 3 : les limites : sources et exutoires
Ce chapitre récapitule les différentes ressources renouvelables et non renouvelables permettant l’activité humaine. À chaque fois, une critique est émise concernant l’utilisation actuelle de la ressource.
Source renouvelable :
Une ressource est dite renouvelable quand leur utilisation ne dépasse pas le rythme auquel ces ressources se regénèrent. Ce livre s’intéresse principalement aux ressources suivantes :
- Le sol: avec la production intensive, les sols s’érodent et deviennent inutilisables. Actuellement, la hausse de la production agricole est principalement due à l’amélioration des rendements. Mais les pratiques utilisées ont un vrai impact négatif sur l’environnement. Normalement, avec des politiques agricoles plus consciencieuses, le livre explique qu’il est possible de maintenir des hauts rendements avec des techniques moins agressives.
- L’eau: nous consommons et polluons de plus en plus l’eau sur Terre. Toutefois, dans les pays développés, la tendance est à la baisse grâce à l’amélioration des techniques. Mais cette baisse n’est pas suffisante. L’eau des nappes phréatiques, par exemple, ne se renouvèle pas assez. Des conseils évidents sont donnés pour optimiser la consommation. On peut entre autres recycler l’eau, utiliser le robinet à faible débit, et planter des végétaux adaptés au climat.
- Les forêts: sans surprise, la superficie des forêts diminue trop rapidement.
- Les espèces et les services systémiques: les êtres vivants (animaux, insectes, plantes) peuvent sans le vouloir contribuer au développement de l’environnement (pollinisation, dissémination des graines…). Ce service est difficilement quantifiable. Mais il tendra à baisser à cause de l’extinction d’espèces.
Source non renouvelable :
- Les combustibles fossiles: ces ressources requièrent de la matière première dont le stock diminue de plus en plus. Des projections ont été faites et pour certaines ressources, d’ici 10 – 20 ans, certaines seront en pénurie. À l’heure actuelle, la nouvelle technologie est moins énergivore. Mais ce ne sera peut-être pas suffisant pour compenser cette pénurie.
- Les exutoires: produire implique de rejeter des déchets dans la nature. Cela a un impact négatif pour l’environnement. Cet impact grandissant dépendrait de la taille de la population, de l’abondance (ou niveau de consommation) et de la technologie.
Chapitre 4 : La dynamique de la croissance dans un monde fini
Les auteurs nous expliquent sommairement comment fonctionne le simulateur World3. Ils précisent que le modèle est simplifié. Plusieurs scénarios ont été traités. La tendance qui revient le plus souvent est le dépassement puis l’effondrement : la planète n’arrive pas à produire suffisamment les ressources que nous exploitons exagérément.
Chapitre 5 : L’histoire de la couche d’ozone
Nous avons déjà connu un dépassement avec la couche d’ozone qui a été autrefois bien endommagée par les molécules de chlorofluorocarbures (CFC). Le chapitre nous raconte rapidement comment les décisions politiques internationales ont pu enrayer le problème en limitant la production de CFC, et ce, même avec du retard.
À travers ce chapitre, les auteurs expliquent qu’il est toujours possible de maitriser un problème de dépassement si on agit à temps avec une coopération internationale. Il est donc actuellement possible d’éviter un effondrement potentiel.
Chapitre 6 : La technologie, les marchés et le dépassement
La technologie est importante dans les sociétés modernes. Toutefois, la technologie nécessite de la matière première. De ce fait, si la technologie et les marchés sont orientés dans un optique de croissance, d’après les simulations, l’effondrement arrivera tôt ou tard.
Chapitre 7 : Transitions vers un système soutenable
Pour éviter le dépassement et l’effondrement, il faut nécessairement repenser le système des sociétés actuelles. Il faut pour cela limiter la croissance (démographique, matérielle…) en développant une technologie efficiente afin d’être dans une société durable.
Chapitre 8 : Transition vers la durabilité : les outils
Le dernier chapitre explique les moyens que préconisent les auteurs pour arriver à une société durable :
- Inspiration: il faudrait imaginer de nouveaux systèmes pour créer un monde durable.
- Travail en réseau : créer des connexions pour favoriser la diffusion de l’information.
- Honnêteté: communiquer en toute transparence afin d’avoir des informations correctes en main.
- Apprentissage: sortir de l’ignorance humaine en apprenant de nouvelles choses, en explorant de nouvelles voies qui peuvent être profitables. Mais cela demande de la patience et cela nécessite de faire des erreurs.
- Amour: faire partie d’une société plus humaine en mettant en pratique l’amour, l’amitié, la générosité et l’empathie.
Mon avis sur Les limites à la croissance (dans un monde fini)
Le livre est intéressant. Il est alarmiste sans être moralisateur. Les auteurs sont honnêtes et indiquent à chaque fois les limites de leurs modèles. Il y a également des références à la fin de l’ouvrage pour pouvoir approfondir la question de l’effondrement. Les graphes sont très parlants et l’évolution des courbes est à chaque fois détaillée.
Je pense que la lecture de ce livre est nécessaire pour les gens s’intéressant un minimum à la théorie de l’effondrement car des collapsologues le citent souvent dans leurs théories. Le lire rendrait le discours de ces personnes moins ésotériques.
À la fin de ma lecture, j’ai eu les idées plus claires. Si les projections du livre sont correctes, l’effondrement arrivera tôt ou tard – pour ne pas dire rapidement (une dizaine d’années ? Rien n’est sûr.) – si on ne change pas nos sociétés (surtout celles qui sont développées). Il ne faut pas être défaitiste. Le livre indique des points sur lesquels on peut travailler pour faire changer le monde à notre façon. Alors c’est à nous d’agir pour faire bouger les choses.
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