La vérité sur l’affaire Harry Québert

Couverture représentant un carrefour d'une petite ville.

Auteur : DICKER Joël
Genre : roman policier
Pays : Suisse
Année de publication : 2012

La vérité sur l’affaire Harry Québert est sortie en 2012 et a reçu le prix de l’Académie française. Avec une telle distinction, ce roman ne peut être que de qualité. Cependant, tout ce qui est primé a toujours tendance à être soit adulé, soit incendié par la critique et les lecteurs. Et pour ce roman, cela a été le cas. En général, on trouve sur le net des critiques très tranchées, assassines ou dithyrambiques, venant de la presse ou des gens comme vous et moi.

3 ans après sa sortie, j’ai décidé de feuilleter le roman de ce jeune suisse. Un roman qui a cartonné, il faut bien le reconnaitre. En lisant la quatrième de couverture du livre de poche, on peut apercevoir la jolie frimousse de l’écrivain. Il affiche un sourire goguenard. Il est jeune et parait sympathique. En lisant cette fois-ci le résumé, on est certain d’avoir un roman policier entre les mains. Ou plutôt, un roman comportant une intrigue plutôt étoffée car le livre est drôlement épais, et ce, même en version de poche : il fait environ 850 pages. Je sais donc qu’en l’achetant, j’en ai eu pour mon argent.

J’avais acheté ce livre car j’étais curieux. J’en avais brièvement entendu parler dans mon entourage. Et surtout, je le voyais constamment mis en avant à la Fnac. Je me demandais donc ce que pouvait bien receler ce bouquin couronné par les vieux croutons de notre chère Académie française. Je l’ai lu et je peux donc vous faire une brève critique. Voici d’abord le résumé de l’histoire.

Contenu de La vérité sur l’affaire Harry Québert

Résumé :

Marcus GOLDMAN est un écrivain américain célèbre. Son premier bouquin a été un best-seller. Sous la pression de ses éditeurs, il s’attelle à l’écriture de son deuxième livre, sauf qu’il a le syndrome de la page blanche. Tout ce qu’il écrit ne trouve pas grâce à ses yeux. Ne pouvant subir davantage la pression de ses éditeurs, il décide de reprendre contact avec un de ses anciens professeurs d’université. Un certain Harry QUEBERT, célèbre écrivain et auteur du livre “Les origines du mal”, la plus belle oeuvre littéraire américaine et existante à ce jour.

Marcus décide de s’installer chez lui provisoirement à Aurora, afin de se ressourcer, pensant que le calme ambiant de cette petite et charmante ville pourrait l’aider à retrouver l’inspiration. Cependant, le passé trouble d’Harry va resurgir, lorsque Harry lui-même va déterrer un cadavre dans son jardin. La victime retrouvée n’est autre que Nola KELLERGAN, une “jeune fille” portée disparue depuis 33 ans. Harry, soupçonné de meurtre, est mis derrière les barreaux. Marcus se met à enquêter sur cette sordide affaire afin d’innocenter son professeur. En avançant dans l’enquête, il va apprendre que le passé de son ancien mentor a été très mouvementé…

Le résumé est plutôt succinct et ne dévoile aucunement l’intrigue. Je ne voulais pas faire comme certains blogs qui gâchent la surprise de certains, en dévoilant les points clés de l’histoire. Une histoire qui est, ma foi, très bien construite. En toute objectivité, le scénario est bien ficelé. Il y a pas mal de rebondissements qui sont pour la plupart surprenants. Honnêtement, même si par moments on voit où l’auteur veut nous amener, on se laisse mener par le bout du nez. Je pense qu’il est pratiquement impossible de connaitre avec certitude le nom du meurtrier (ou de la meurtrière) avant la conclusion car le lecteur n’a en main toutes les indices qu’à la toute fin de l’histoire. Il me semble que l’histoire est cohérente, mis à part sur un détail : l’écriture manuscrite des lettres (en lisant la fin vous comprendrez). Mais on peut quand même trouver une justification plausible à cette petite erreur involontaire de la part du jeune écrivain.

Il y a, pour certains, beaucoup de répétitions mais la répétition de certaines scènes est une étape obligatoire afin de comprendre l’avancée de l’enquête et les nouvelles réponses apportées par le témoignage de la population d’Aurora. Donc, ce dernier point ne m’a pas gêné pour un sou car il permet de faire le point sur toutes les informations récoltées.

On pourrait aussi targuer l’auteur de vouloir imiter ses homologues écrivains américains, en se focalisant davantage sur l’intrigue que sur le style d’écriture. Je trouve que c’est une comparaison un peu trop simpliste. L’auteur a tout simplement voulu raconter une histoire qui tient la route sans trop se poser de questions. Pourquoi catalogue-t-on toujours les gens ? Il est clair qu’il se démarque de ses confrères et de ses consœurs écrivains, en ne jouant pas sur le même tableau. Joël DICKER a osé proposer quelque chose de neuf et cela dérange un tant soit peu certains qui s’attaquent alors sur son style d’écriture.

Pourtant, quand on lit du Stephen King, le maitre du suspense et de l’intrigue, ce n’est pas forcément mieux écrit. Et dire que ce mec est adulé… C’est à n’y rien comprendre ! Que les choses soient clairs. Est-ce que Joël DICKER écrit bien ? Non et c’est un non catégorique. Alors est-ce que Joël DICKER écrit mal ? La réponse reste la même : non ! Son style n’est pas ample ou ampoulé. Il ne fabrique pas des phrases prémâchées de trois kilomètres juste pour faire des phrases de trois kilomètres. Sachant que le bouquin est relativement long, lire tout le temps des phrases à rallonge serait pénible pour le lecteur. L’auteur a joué la carte de la simplicité (et peut-être même qu’il ne peut pas faire mieux) en proposant un style d’écriture sans fioriture. Le récit est fluide, tout comme l’intrigue. Son style est dynamique. On sent son implication. C’est agréable, on lit les mots sans heurt. De nombreux dialogues parsèment le récit. Les dialogues sont très informels, tout le monde pourrait s’exprimer de cette manière, ce qui les rend réalistes. L’auteur n’a pas fait l’erreur d’utiliser un vocabulaire un peu trop soutenu qui aurait gâché le ton de l’histoire. La spontanéité des dialogues contribue grandement à l’ambiance générale qui se veut actuelle. On pourrait par contre regretter un manque de description des lieux et des personnages.

Par exemple, Marcus est le narrateur de l’histoire. Il nous raconte sa vie, ses angoisses et pourtant, je ne me souviens absolument pas de son physique certainement décrit quelque part. L’auteur ne s’est pas focalisé sur ce point mais ce n’est pas grave. Car l’intrigue et les personnages nous font oublier ce détail. En parlant de personnages, on peut dire que l’auteur les a travaillés, en leur inventant un passé dévoilé progressivement au cours de l’enquête. Il y a pas mal de personnages secondaires qui prennent quand même vie sous la plume de l’auteur, en dépit de leur importance dans le script. Les interactions entre Marcus et les autres protagonistes sont plutôt bonnes. On comprend aisément les motivations de chacun.

En ce qui concerne les thèmes abordés, on a un petit aperçu du monde de l’édition et de l’écriture. Le roman aborde également les relations interdites. Un thème qui aurait pu être plus développé en se focalisant davantage sur la psychologie des personnages impliqués.

Mon avis sur La vérité sur l’affaire Harry Québert

J’ai bien aimé ce roman. Il change des romans francophones habituels qui sont pour la plupart des autofictions. Le scénario est travaillé, cela se sent. Il est prenant. Malgré la longueur du récit, on a toujours envie de connaitre la suite. Le style d’écriture y est pour beaucoup : il est simple sans pour autant être insipide. Le texte se lit avec une fluidité certaine.

Le texte n’est pas parfait. Ses détracteurs pourraient lui reprocher des passages un peu niais (qui, pour ma part, ne m’ont pas dérangé), un côté très répétitif avec la redite de certaines scènes, et un style d’écriture bateau.

C’est un livre à conseiller pour les personnes aimant les bonnes intrigues. Les lecteurs qui recherchent un auteur avec un style précieux peuvent faire une croix sur ce livre.

Si vous avez apprécié le personnage de Marcus, vous pouvez lire la suite de ses aventures dans Le livre des Baltimore.

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1 commentaire

  1. excellente critique, avis partagé. J’ai néanmoins eu un petit faible pour les petites citation a chaque début de chapitre prononcé par Harry, qui donne des conseils pour écrire, construire un livre, garder le lecteur toujours en alerte.

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