Titre : La horde du contrevent
Auteur : DAMASIO Alain
Genre : Science Fantasy
Pays : France
Année de publication : 2004
Depuis qu’une connaissance me l’a acheté pour Noël, La horde du contrevent trainait dans mes affaires depuis 2015. Cette connaissance m’en a dit que du bien, m’affirmant que cela allait me plaire à coup sûr. Cette personne connaissait bien mes gouts. Je ne pouvais que la croire.
Pourtant, j’ai tenté de le lire plusieurs fois, décrochant à de multiples reprises dès les premières pages. Il y avait une raison évidente. Je n’ai jamais accroché à la fantasy. Toutefois, la prose de l’auteur était singulière. C’était d’ailleurs la première chose qui a retenu mon attention. Mais malgré l’originalité de l’écriture, je n’arrivais pas à poursuivre ma lecture au-delà de la 20ème page.
Trouvant qu’il était inutile de s’acharner, j’ai décidé de le mettre de côté pour un temps indéterminé. Ce n’est que 6 ans après que j’ai réussi l’exploit de finir le roman. Et pour tout vous dire, je regrette de ne pas l’avoir lu beaucoup plus tôt. Je vais expliquer pourquoi plus bas.
Résumé :
La 34ème Horde du contrevent est composée de 23 membres. Chacun possède une fonction propre dans le groupe (scribe, soigneuse, éclaireur…). Le chef de la bande se nomme Golgoth. Ils ont été formés depuis l’enfance pour atteindre l’Extrême-Amont, une terre encore jamais atteinte dont on ne sait que cette unique chose : l’Extrême-Amont serait à l’origine de tous les vents.
Des générations d’hordes se sont succédé au cours des siècles mais aucune n’est parvenue à atteindre cet Extrême-Amont. On dit que la 34ème Horde serait la meilleure. Parviendrait-elle à arriver là où tout le monde a échoué ?
Mon avis sur La horde du contrevent
La horde du contrevent est un roman polyphonique à 23 voix où le narrateur change constamment. Ce qui fait qu’il y a quelque chose de dynamique dans la construction du récit car on alterne des points de vue au cours d’un même chapitre. On peut ainsi remarquer que des évènements ne sont pas vécus de la même manière en fonction des personnages, ce qui est très intéressant dans leur construction psychologique. Malgré cela, certains membres de la horde sont plus bavards que d’autres. J’aurais aimé avoir parfois le point de vue des personnages en retrait afin d’avoir accès en profondeur à leur personnalité. L’auteur a également pensé à tout car il a adapté son style d’écriture en fonction du caractère de ses personnages. Certains sont grossiers alors que d’autres sont plus polis dans leur manière de s’exprimer.
Étant donné le nombre important de narrateurs possibles, le livre est vendu avec un marque-page où sont inscrits la fonction et le symbole de chaque personnage. Ce marque-page est une sorte de mémo salvateur. J’ai eu besoin d’y recourir fréquemment au début afin de savoir qui était qui, et surtout qui parlait à ce moment-là car à chaque changement de narrateur, le premier paragraphe est précédé du symbole du personnage qui s’exprime.
J’ai trouvé que l’auteur a bien su retranscrire la solidarité qu’il y a dans la troupe. Même si c’est explicitement dit par des mots que ces 23 membres ne forment qu’une seule et même entité (la horde, quoi), les actes le prouvent entièrement. J’ai trouvé cette entraide très belle à lire car il est difficile dans la vie quotidienne d’avoir une confiance absolue en quelqu’un. Cette solidarité est renforcée par le fait que chaque membre est indispensable au groupe car chacun a développé une compétence spéciale qui s’est affinée au cours des années. Leur singularité m’a permis de m’attacher à eux.
La horde du contrevent s’inscrit dans un monde fantastique que l’auteur a su décrire à merveille. Le vent est l’élément majeur de cet univers imaginaire. La horde bataille contre le vent afin de comprendre ses origines. En lisant, je pouvais m’imaginer la vitesse et la puissance du vent que les personnages essayaient de contrer.
Mais ce n’est pas tout. Il y a bien évidemment des mots/créatures/objets inventé(e)s, mais jamais réellement défini(e)s. Malgré cela, on arrive à déduire ce que ces mots signifient grâce au contexte. J’ai trouvé cela fascinant à quel point l’auteur sait jouer avec les mots. Il jongle et s’amuse avec les mots avec une telle aisance que le récit en est très fluide à lire. J’ai trouvé sa manière d’écrire parfois poétique. Honnêtement, son style d’écriture a permis de maintenir ma curiosité tout le long du livre.
Aussi, l’auteur n’est jamais dans l’excès quand il raconte l’histoire à travers ses personnages. On n’est pas dans un monde de bisounours ou dans un monde cruel malgré les conditions de vie difficiles de la horde. On sent que l’auteur n’écrit pas tout ça pour nous émouvoir. Il le fait juste pour nous décrire la destinée de la horde.
La dernière chose marquante à la fermeture de ce roman sont les questions « philosophiques » disséminées durant tout le récit. Et étrangement tout est toujours implicite à ce sujet-là. C’est-à-dire qu’un lecteur non averti pourrait lire ce roman comme un roman d’aventures lambda. Toutefois, on se rend compte que le récit est plus profond qu’il n’y parait. C’est un voyage initiatique avec des métaphores filées, des réflexions sur la vie… Tout est imagé. On sent que tout est maitrisé, mesuré et réfléchi. Tout est parfaitement millimétré. J’ai trouvé ces réflexions intéressantes à se poser. Toutefois, j’étais un peu frustré car je n’ai pas trouvé d’articles ou de médias détaillant la pensée de l’auteur de certaines scènes qui sont très nébuleuses car libres d’interprétation.
Il est à noter qu’un album de musique a été créé. L’album a été composé par Arno ALYVAN et contient 17 pistes. J’ai écouté l’ensemble des pistes sur spotify. Ça dure 1h. Je dois dire que c’est très conceptuel… Beaucoup de musique contiennent du texte sortant tout droit du roman. C’est tantôt récité, tantôt parlé-chanté. La plupart sont des musiques d’ambiance avec pratiquement aucune mélodie. Certaines sont des pistes entièrement musicales et d’excellente facture. Pour ces dernières, je trouve qu’il n’y en avait pas assez, mais ce n’est que mon avis. Honnêtement, l’album n’est pas mauvais mais je ne l’achèterai nullement.
Le roman a aussi été adapté en bande dessinée. Éric HENNINOT en est le scénariste et le dessinateur, et Gaëtan GEORGES s’occupe des couleurs.
Bref ! Que dire de plus ? La horde du contrevent est selon moi un excellent roman. Les personnages son attachants, le monde imaginaire est vivant et cohérent. Le style d’écriture est vraiment le point fort de cette œuvre. Honnêtement, je recommande chaudement sa lecture, surtout si vous aimez les univers complexes.
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