Juste la fin du monde

Couverture de Juste la Fin du Monde où Gaspard Ulliel colle son front sur celui de sa mère.

Titre : Juste la fin du monde
Auteur : LAGARCE Jean-Luc
Genre : Théâtre
Pays : France
Année de publication : 1990

Juste la fin du monde a été écrit à Berlin en 1990, lorsque l’auteur se savait infecté par le VIH. À cette époque, il n’existait aucune thérapie pour traiter cette maladie. De ce fait, les thèmes centraux de la pièce sont la mort et les difficultés de communication au sein d’une famille. Il y a des éléments autobiographiques distillés dans cette pièce de théâtre qui n’a, malheureusement, jamais été jouée du vivant de l’auteur.

Résumé :

Après 12 ans d’absence, Louis, l’enfant prodige, se décide enfin à rendre visite à sa famille. Toutefois, il n’y va pas par gaité de cœur. En effet, il doit annoncer aux siens sa mort prochaine. Pour sa venue, il y a sa mère émue par les retrouvailles, sa petite sœur Suzanne qu’il n’a que peu connue, son petit frère Antoine qui lui voue une rancune tenace, et sa belle-sœur Catherine qu’il n’a jamais vue.

Cette réunion familiale ne se fait pas sans heurt. Le passé refait surface, les anciennes blessures se rouvrent, et les reproches fusent. Louis repart sans avoir dit ce qu’il avait à dire. Qu’il allait bientôt mourir.

Mon avis sur Juste la fin du monde

Je trouve que l’écriture est particulière. Certains la qualifieraient de poétique. Toutefois, il faut vraiment s’y faire car sinon, on trouverait la lecture ennuyeuse. En effet, il y a beaucoup de mots répétés voire de phrases répétées à la suite. Et c’est comme cela du début jusqu’à la fin. Je peux comprendre que cela peut traduire une certaine gêne, une certaine pudeur de la part des protagonistes car ils ne se sont pas revus depuis fort longtemps. Mais c’est assez redondant. Je pense que sur scène, un tel texte clamé avec emphase passerait beaucoup mieux.

Il y a également pas mal de monologues. L’originalité de ces derniers est que les protagonistes se confient directement aux spectateurs. Nous savons tout, mais la famille ne sait rien ou ne veut rien savoir. Nous comprenons dès lors les frustrations de chaque personnage mais nous n’avons aucun moyen de faire changer le cours des choses.

Les personnages sont peu nombreux mais chacun joue un rôle important. La mère (la seule personne à ne pas avoir de prénom) est ravie de revoir Louis après toutes ces années. Toutefois, elle reste lucide. Elle ne connait que trop bien ses enfants, surtout leurs défauts, elle sait que ses retrouvailles ne seront pas de tout repos. Elle craint juste que Louis reparte pour ne plus jamais revenir.

Suzanne, la petite sœur, est très dynamique. Elle semble vouloir reconstruire une relation avec Louis qu’elle n’a jamais véritablement connu. Mais Antoine la coupe dans ses élans. Elle aimerait quitter la maison familiale pour gagner en liberté, comme si en faisant cela, elle se libérerait d’un poids. D’ailleurs, c’est le personnage qui a la parole la plus libre, car elle ose exprimer ses pensées intimes sans être dans une politesse surjouée.

Catherine, la belle-sœur, semble être transparente. Mais c’est la plus lucide et la plus neutre car elle n’est pas affectée par des émotions en voyant Louis, vu qu’elle ne le connait pas personnellement. Elle permet de faire tampon quand son mari Antoine est maladroit ou dépasse les bornes. Auprès de Louis, elle explicite les pensées de son mari.

Antoine, le cadet de la famille, est le personnage qui va le plus évoluer au cours de la pièce. Il est abrupt mais c’est le seul qui va dire les quatre vérités à Louis. Son départ ne s’est pas fait sans heurt. Antoine a dû le remplacer, colmater les brèches dans la famille auquel il joue un rôle. Il met ses sentiments à nu à la toute fin pour que Louis puisse comprendre enfin sa position.

Quant à Louis, le personnage principal, il est particulier car il est de nature solitaire et taciturne. De ce fait, il est souvent nébuleux dans ses propos et ses agissements. Par exemple, on ne sait pas de quoi il va mourir. Par ailleurs, il ne répond que très peu aux demandes et aux accusations de sa famille. Il semble peu affectueux, inaccessible et indifférent. Toutefois, nous savons qu’il aime sa famille car au cours des douze dernières années, il a quand même su leur montrer des « gestes d’affection ».

Bref ! Juste la fin du monde est une pièce de théâtre à l’écriture singulière. C’est une œuvre qui peut parler car les problèmes familiaux sont légion dans la réalité où les non-dits sont la source de nombreux problèmes dans les relations. Me concernant, j’ai bien apprécié l’œuvre. Je n’ai pas été heurté par la musicalité du texte.

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