Titre anglais : I don’t want to come back alone
Dirigé et écrit par : RIBEIRO Daniel
Genre : Romantique
Pays : Brésil
Année : 2010
Durée : 17 minutes
Après avoir visionné Café com leite, les algorithmes de Youtube m’ont suggéré le court-métrage Eu Não Quero Voltar Sozinho. Un court-métrage toujours dirigé et écrit par RIBEIRO Daniel.
Ce court métrage a été réalisé trois ans après Café com leite. L’auteur est plus âgé et plus expérimenté. Cela se voit tout de suite dans la mise en scène. Mais avant de vous en dire plus, résumons ensemble l’histoire.
Synopsis :
Leonardo est un lycéen aveugle. Sa meilleure amie Giovana est au petit soin pour elle. Elle le materne beaucoup. Le quotidien de ce petit « couple » est rompu lors de l’arrivée du nouvel élève Gabriel. Avec le temps, Leonardo devient très complice avec Gabriel, au point d’en tomber amoureux, ce qui attire la jalousie de Giovana.
Ma critique de Eu Não Quero Voltar Sozinho
Ce court-métrage tranche catégoriquement avec Café com leite qui est très sombre et dramatique. Là, dans Eu Não Quero Voltar Sozinho, les personnages sont encore adolescents, donc encore innocents et enthousiastes.
Le film met en scène les personnages à l’école, dans la rue (toujours la même, celle permettant d’aller chez Leonardo) et la chambre de Leonardo. C’est très limité mais amplement suffisant. Comme quoi, le minimalisme paye.
Concernant la manière de filmer, il y a eu un grand changement. Les plans ne sont plus aussi fixes que dans le précédent court-métrage. Il y a beaucoup plus de mouvements de la caméra. Par exemple, quand les trois adolescents marchent dans la rue, la caméra bouge avec eux. Le cameraman doit certainement marcher en arrière tout en les filmant. Parfois, le cameraman les filme comme s’il était un voyeur, c’est-à-dire qu’il se tient éloigné d’eux mais pas trop pour pouvoir les entendre. Durant ces cadrages, même si c’est censé être un plan fixe, la caméra bouge légèrement à cause des mouvements naturels du caméraman qui doit certainement tenir à la main la caméra. Cette manière de filmer rend les scènes dynamiques.
La musique a été bien mise en valeur. Elle n’est pas omniprésente mais bien insérée dans le film. Les musiques et les chansons sont douces, en retrait. Elles ne couvrent jamais la voix des personnages. J’écoute de temps en temps l’OST. Cela me relaxe.
Concernant les acteurs, je trouve qu’ils jouent très bien. J’ai trouvé les trois jeunes très naturels et très complices. Cependant, les scènes ne sont pas non plus très compliquées à jouer car elles ne font pas appel à des émotions intenses.
Le réalisateur a évité de nombreux clichés. Leonardo est aveugle. Il est un peu charrié par ses camarades mais c’est tout. Il n’y a pas de harcèlement scolaire derrière. Giovana a une attitude très protectrice envers Leonardo. À la rigueur, c’est la seule chose clichée du film. Mais ces deux-là ne sont pas dépendants affectifs. Et ça, ce n’est pas cliché.
J’ai adoré le scénario. Il est très simple mais bien écrit grâce aux personnages mis en scène. Bien que Leonardo soit aveugle, étrangement, le handicap n’est pas le sujet central du film. En effet, Leonardo est mis en scène comme une personne ordinaire, même si on doit l’assister pour certaines tâches qu’il sait pourtant faire tout seul. En fait, hormis le thème de l’homosexualité qui est à peine mis en avant (juste vers la fin et c’est considéré comme normal), il n’y a pas de vrais thèmes centraux. Nous suivons juste le quotidien de trois adolescents dans une ambiance très lumineuse (il fait toujours soleil dans les décors extérieurs). Il y a toutefois un triangle amoureux/amical entre les trois qui va ternir un chouia les rapports au sein du trio.
Les personnages évoluent avec le temps. Au début, nous sommes témoins de la complicité entre Giovana et Leonardo. Il y a d’ailleurs des scènes attendrissantes comme quand Leonardo s’allonge et met sa tête sur les jambes de Giovana qui lui trifouille les cheveux. C’est adorable. C’est Giovana qui intègre Gabriel dans leur vie, en lui proposant dès le premier jour de rentrer ensemble. Ensuite, c’est Giovana qui émet l’idée que Leonardo devrait être aidé par Gabriel en maths. Nous suivons ensuite le quotidien du trio dont la mise en scène est habile. Pour ce faire, le réalisateur entrecoupe les scènes du quotidien (l’école, le chemin du retour et la maison de Leonardo.).
Il y a ensuite deux scènes, qui pourraient être anodine mais qui ne le sont pas, annonçant que nous sommes dans la deuxième partie du film. Leonardo demande comment est physiquement Gabriel, et en chemin, pour éviter que Giovana fasse un détour, Gabriel propose de continuer le chemin seuls avec Leonardo. Giovana est un peu réticente mais finit par accepter sa proposition. C’est à partir de ce moment que le film se focalise sur le développement de la complicité entre Gabriel et Leonardo, grâce à un travail en groupe demandé par le professeur d’histoire. Gabriel a des gestes d’attention envers Leonardo. Un peu curieux, Gabriel demande à Leonardo quelle est la nature de sa relation avec Giovana.
La dernière partie de l’histoire arrive quand Leonardo se pose des questions sur son physique. Comme il est aveugle, il ne se voit pas mais on se doute qu’il veut chercher à plaire. Un changement s’opère en lui. Il est plus heureux et plus confiant. Il préfère maintenant être guidé par Gabriel que par Giovana qui tique un peu sans le laisser paraitre. Leonardo, en toute simplicité, ose prendre la main de Gabriel pour lui apprendre le braille. Il le fait parce qu’il sait qu’il est amoureux de Gabriel. Un jour, il révèle son amour pour Gabriel à Giovana qui est jalouse. On ne sait pas si elle est jalouse amoureusement ou amicalement. Dans tous les cas, elle se sent mal. Je ne vous conterai pas la fin (surtout la mise en scène), ô combien touchante et adorable. Une vraie surprise qui m’a mis du baume en cœur durant toute la journée.
Ça transparait surement dans le texte, mais j’ai trouvé Eu Não Quero Voltar Sozinho excellent. Il y a beaucoup de retenue dans les sentiments des personnages (une forme de pudeur). Les personnages sont attachants et les acteurs sont naturels dans leur jeu. Ce court-métrage a eu un tel succès qu’il existe une version longue intitulée Au premier regard en français (Hoje Eu Quero Voltar Sozinho en portugais). Bref, je vous conseille vivement de le visionner pour vous faire un avis.