Ce n’est pas toi que j’attendais

Bébé dans le landeau avec un père derrière la porte.

Auteur et dessinateur : Fabien TOULME
Genre : Autobiographie
Pays : France
Année de parution : 2014

Je m’ennuyais dans l’appartement de ma sœur. J’ai fouillé sa bibliothèque et je suis tombé sur Ce n’est pas toi que j’attendais, une BD qui parle de handicap. J’ai bien aimé cette œuvre, je tenais donc à vous la faire partager.

Résumé :

Fabien TOULME et sa femme brésilienne Patricia filent le parfait amour. Ils ont une vie bien rangée. Ils ont un enfant prénommé Louise (4 ans environ) et attendent un heureux évènement, à savoir l’arrivée d’un autre enfant. Lassé de vivre au Brésil, Fabien décide de retourner en France avec sa femme et sa fille.

La grossesse de Patricia est suivie attentivement et les médecins ne décèlent aucune anomalie dans le développement du fœtus. L’échographiste leur révèle qu’ils attendent une petite fille. Le couple décide de l’appeler Julia.

À la naissance de Julia, le couple apprend qu’elle souffre d’une malformation cardiaque (la tétralogie de Fallot) mais aussi de trisomie 21. C’est le choc pour Fabien qui rejette son propre enfant, contrairement à Patricia qui accepte rapidement la situation. Fabien va petit à petit essayer d’apprendre à aimer l’enfant qu’il n’a jamais voulu avoir. Dans cette BD autobiographique, il met en images tous les états d’âme par lesquels il est passé.

Mon avis sur Ce n’est pas toi que j’attendais

L’histoire parait dure à traiter mais l’auteur a réussi son coup en présentant un angle intéressant. La BD est autobiographique et l’auteur a apparemment conservé délibérément les vrais prénoms de son entourage.

Les dessins sont très épurés, le style est très sobre mais les cases fourmillent de petits détails qui font plaisir à regarder. L’auteur a pris soin de travailler toutes ses planches. Les couleurs utilisées (pratiquement monochromes) sont agréables à regarder. Par scène, une seule teinte de couleur est utilisée en adéquation avec le ton du récit.

L’histoire est découpée en séquences qui se suivent chronologiquement. Les termes scientifiques sont vulgarisés de telle sorte que tout le monde puisse bien comprendre ces notions sans pour autant avoir des connaissances mirobolantes en biologie. La trisomie 21 au niveau génétique est expliquée. Un concept qui est vu en 1ère ou en Terminale S lorsqu’est abordée la notion de mitose (division cellulaire). À titre informatif, la trisomie est une anomalie génétique induite par un chromosome 21 en trois exemplaires au lieu de deux. Ceci est visible sur un caryotype.

À travers le personnage de Fabien, on a un témoignage de l’acceptation de la trisomie de son enfant par les parents. On a beaucoup d’empathie pour cet homme car il est très humain. Il n’hésite pas à dire que les premiers contacts avec sa fille (la toucher, la faire prendre un bain…) étaient difficiles. Fabien a pour ainsi dire honte d’avoir une telle enfant, tellement qu’il a du mal à avouer la trisomie de Julia à ses proches. Il a des pensées coupables et s’en veut de les avoir. Fabien explique son ressenti et n’essaye jamais de se justifier. Il ne s’épargne pas durant tout le récit en se critiquant lui-même. Il parait égoïste et pessimiste de prime abord.

Mais ce n’est que lorsque Fabien accepte pleinement la maladie de sa fille qu’il change de comportement à son égard. Il devient un père aimant et un peu trop gaga. Le couple s’interroge sur l’avenir de leur fille. Ils ont des témoignages réconfortants qui cassent les préjugés. Ces enfants sont très affectueux et ils peuvent devenir autonomes (avoir un métier…). Il faut seulement savoir comment s’y prendre et les surveiller une fois adulte.

Le regard des autres est également abordé. Certains ont des regards appuyés. D’autres non. Certains font des remarques désobligeantes (sans que cela soit intentionnellement méchant), d’autres sont plus complaisants. Tout type de situation peut arriver. Il faut juste s’accommoder de la bêtise des gens par moments. Ce qui montre que la différence peut être pénible à vivre car cela implique d’être pointé du doigt constamment ou d’être sujet à des moqueries. Et les gens ne sont pas toujours tendres quel que soit l’âge.

Pour conclure, Ce n’est pas toi que j’attendais est BD est touchante. C’est un excellent témoignage du processus d’acceptation d’un père sur la trisomie de sa fille. C’est bien scénarisé. L’auteur réussit parfaitement à retranscrire ses émotions sur papier. La différence engendre des moqueries. Mais le plus important, c’est de faire fi du regard des autres pour pouvoir être heureux.

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